Chaque année, des milliers de vies sont sauvées ou profondément transformées grâce au don d’organes et à la transplantation. Pourtant, ce geste médical majeur reste encore méconnu, parfois mal compris et souvent entouré de préjugés. À l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, il est essentiel de rappeler l’importance de cet acte de solidarité, de lever les freins à son développement et d’encourager chacun à s’informer et à se positionner. Car derrière chaque greffe, il y a une histoire, une vie sauvée, une famille réunie.
Une journée pour sensibiliser et informer
La Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, célébrée chaque année, vise à sensibiliser le grand public à l’importance de ce geste médical qui permet de sauver des vies. C’est également l’occasion de remercier les donneurs et leurs familles pour leur générosité, tout en saluant le travail des professionnels de santé qui rendent ces greffes possibles.
Dans de nombreux pays, cette journée donne lieu à des campagnes d’information, des témoignages de patients greffés, des conférences ou encore des événements destinés à briser les tabous et à encourager les discussions sur le don d’organes. Car si la transplantation est une prouesse médicale, elle dépend avant tout d’un acte profondément humain : celui du don.
Qu’est-ce que le don d’organes ?
Le don d’organes est un acte volontaire qui consiste à prélever un ou plusieurs organes ou tissus d’un donneur vivant ou décédé pour les transplanter chez un patient dont les organes ne fonctionnent plus.
Les organes les plus fréquemment greffés sont le rein, le foie, le cœur, les poumons, le pancréas et l’intestin. Il est également possible de greffer des tissus comme la cornée, la peau, les os ou les valves cardiaques.
Chaque organe a sa propre fonction vitale, et leur défaillance met en péril la survie du patient. La transplantation constitue alors, dans de nombreux cas, la seule alternative thérapeutique.
Les chiffres qui parlent
Les statistiques montrent à quel point le don d’organes est un enjeu majeur de santé publique :
- En France, plus de 57 000 personnes vivent aujourd’hui grâce à une greffe.
- Plus de 90 % des transplantations réalisées sont des succès, permettant aux patients de retrouver une vie presque normale.
- Pourtant, plus de 20 000 patients sont encore en attente d’un organe chaque année, et plusieurs centaines décèdent faute de greffon disponible.
Ces chiffres soulignent à la fois les progrès de la médecine et l’urgence d’agir pour augmenter le nombre de donneurs.
Pourquoi le don d’organes est-il si important ?
Le don d’organes est souvent la dernière chance pour les patients atteints de maladies graves et irréversibles. Là où les traitements médicamenteux ou chirurgicaux ne suffisent plus, la greffe permet non seulement de prolonger la vie, mais aussi d’en améliorer considérablement la qualité.
Par exemple :
- Une greffe de rein permet d’éviter des années de dialyse épuisante.
- Une greffe de cœur redonne une vie normale à des patients atteints d’insuffisance cardiaque terminale.
- Une greffe de foie sauve des malades souffrant d’hépatite ou de cirrhose avancée.
Au-delà des statistiques médicales, chaque transplantation représente une seconde chance : celle d’un parent qui retrouve ses enfants, d’un jeune adulte qui poursuit ses études, ou d’une personne âgée qui prolonge sa vie en bonne santé.
Don d’organes post-mortem : un choix citoyen
En France, le principe du consentement présumé s’applique : toute personne est considérée comme donneuse d’organes après son décès, sauf si elle a exprimé son refus de son vivant.
Ce refus peut être enregistré sur le registre national des refus ou communiqué à ses proches.
Ce système simplifie les démarches, mais il est essentiel d’en parler à sa famille. En effet, ce sont souvent les proches qui sont consultés au moment du décès pour savoir si la personne décédée était opposée ou non au don. En discuter en amont évite des décisions difficiles dans un moment déjà douloureux.
Le don d’organes de son vivant : un geste rare mais précieux
Si le don post-mortem est le plus courant, il est également possible de donner certains organes de son vivant, notamment un rein ou une partie du foie.
Ce type de don reste plus rare car il nécessite une compatibilité biologique stricte et une préparation médicale approfondie, mais il présente plusieurs avantages :
- Il permet d’anticiper la greffe, sans attendre un organe d’un donneur décédé.
- Il offre de meilleures chances de succès, car la greffe peut être planifiée dans des conditions optimales.
- Il sauve des vies plus rapidement.
Le don vivant est un acte profondément altruiste, souvent réalisé entre membres d’une même famille ou entre proches.
Les idées reçues sur le don d’organes
Malgré les campagnes de sensibilisation, de nombreuses idées reçues persistent. En voici quelques-unes :
- « Je suis trop vieux pour donner. »
→ Faux. L’âge n’est pas un critère d’exclusion. C’est l’état des organes qui compte, pas celui de la carte d’identité. - « Mon corps sera mutilé. »
→ Faux. Les prélèvements sont réalisés avec le plus grand respect, et le corps peut être rendu à la famille pour les obsèques. - « Mon don ne servira à rien. »
→ Faux. Un seul donneur peut sauver jusqu’à 7 vies et améliorer la qualité de vie de dizaines d’autres personnes grâce au don de tissus. - « Les médecins ne feront pas tout pour me sauver si je suis donneur. »
→ Faux. Les équipes médicales ont pour mission première de sauver des vies. Le don n’est envisagé qu’une fois le décès constaté de manière irréversible.
Le parcours d’une greffe : un travail d’équipe
La transplantation est une opération complexe qui mobilise de nombreuses compétences médicales et logistiques.
Voici les grandes étapes :
- Détection du donneur : après le constat de décès, les équipes identifient les organes prélevables.
- Consentement : vérification du registre national ou discussion avec les proches.
- Prélèvement : les organes sont prélevés avec soin et dans un délai très court pour préserver leur viabilité.
- Attribution : l’Agence de la biomédecine attribue les greffons en fonction de critères médicaux et d’urgence.
- Transplantation : l’organe est greffé sur le receveur dans les heures qui suivent.
- Suivi médical : après la greffe, un suivi étroit est nécessaire pour éviter les rejets et surveiller la fonction de l’organe.
Ce processus mobilise des centaines de professionnels et nécessite une coordination millimétrée. C’est un exemple frappant de la puissance de la médecine moderne et de la solidarité humaine.
Le rôle crucial de la sensibilisation
Malgré les avancées médicales et les campagnes de communication, le nombre de donneurs reste insuffisant pour répondre à la demande.
Plusieurs raisons expliquent cela : manque d’information, réticences culturelles ou religieuses, peur de l’acte médical… Pourtant, l’opinion publique est globalement favorable au don d’organes, et plus de 80 % des Français s’y déclarent favorables lorsqu’ils sont bien informés.
C’est pourquoi la sensibilisation reste essentielle. Parler du don d’organes avec ses proches, s’informer sur le processus, s’inscrire dans une démarche de solidarité : autant d’actions simples qui peuvent faire la différence.
Donner, c’est transmettre la vie
Le don d’organes dépasse le simple acte médical : c’est un acte d’amour, de générosité et de transmission. Donner ses organes, c’est offrir une seconde chance à des inconnus, c’est prolonger son empreinte dans la vie des autres, c’est participer à une chaîne de solidarité qui sauve chaque jour des vies.
Les receveurs, souvent très émus, parlent d’un « nouveau départ », d’un « cadeau inestimable » ou encore d’un « miracle ». Pour beaucoup, la greffe n’est pas seulement une solution médicale : c’est une renaissance.
En résumé
- Le don d’organes et de tissus est un acte de solidarité qui sauve et transforme des vies.
- Chaque année, des milliers de patients attendent un greffon pour continuer à vivre.
- Chacun d’entre nous peut devenir donneur et contribuer à ce formidable élan collectif.
Le mot de la fin
La Journée mondiale du don d’organes et de la greffe est une occasion unique de réfléchir à ce que nous pouvons léguer de plus précieux : la vie.
En parler avec ses proches, s’informer et affirmer sa volonté, c’est déjà faire un pas vers une société plus solidaire. Parce que chaque don compte. Parce que derrière chaque greffe, il y a une histoire. Et surtout, une vie sauvée.


