Le mois de novembre est désormais mondialement associé à un mouvement d’une importance capitale pour la santé publique : Movember. Bien plus qu’une simple fantaisie pilaire, cette initiative annuelle a transformé la moustache en un symbole éloquent, appelant à une prise de conscience et à une action résolue face à des enjeux de santé masculine souvent sous-estimés ou tabous.
Pour les professionnels de santé, pour qui la prévention et la prise en charge des patients sont au cœur de la vocation, Movember représente une période privilégiée pour intensifier les efforts de sensibilisation et encourager un dialogue ouvert. Euromed France, acteur engagé dans l’intérim médical, souhaite à travers cet article souligner la pertinence de cette mobilisation pour nos équipes, nos partenaires et l’ensemble de la communauté de la santé.
Qu’est-ce que le Movember ?
Né en Australie en 2003, le Movember (contraction de « Mo », diminutif de moustache, et « November », novembre) est un événement caritatif mondial lancé par la Movember Foundation. Son objectif initial était de sensibiliser au cancer de la prostate, mais l’initiative a rapidement élargi son champ d’action pour englober la santé masculine dans sa globalité.
Aujourd’hui, le mouvement s’articule autour de quatre domaines fondamentaux :
- Le cancer de la prostate.
- Le cancer des testicules.
- La santé mentale et la prévention du suicide chez les hommes.
- L’inactivité physique.
Le principe est simple, mais percutant : les hommes sont encouragés à se laisser pousser la moustache durant les 30 jours de novembre (Grow a Mo). Cette transformation physique sert de « panneau d’affichage » ambulant pour susciter la conversation, briser le silence et collecter des fonds pour la recherche et les programmes de santé masculine. C’est l’équivalent masculin d’Octobre Rose, mais avec une approche plus large.
L’ambition du Movember est de « changer le visage de la santé masculine », en remettant en question un statu quo où les hommes meurent en moyenne plus jeunes que les femmes et sont souvent réticents à aborder leurs problèmes de santé ou à solliciter une aide médicale.
Les cancers masculins : Un enjeu de santé publique majeur
La raison d’être historique du Movember réside dans la lutte contre des pathologies qui affectent spécifiquement la population masculine. En France, le cancer reste la première cause de décès prématuré chez l’homme, et deux formes de cancers urologiques sont particulièrement visées par la campagne : le cancer de la prostate et le cancer des testicules.
1. Le Cancer de la prostate : Le plus fréquent
Le cancer de la prostate est, de loin, le cancer le plus fréquent chez l’homme en France.
- Chiffres clés : On dénombre près de 60 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année, ce qui le place devant les cancers du poumon et colorectal. Il constitue la troisième cause de mortalité par cancer chez l’homme, avec environ 8 100 décès annuels.
- Facteurs de risque : L’âge est le facteur prédominant (l’âge médian au diagnostic est de 69 ans, les cas étant rares avant 50 ans), les antécédents familiaux et l’origine ethnique (risques accrus pour les hommes afro-antillais et africains) jouent également un rôle.
- Symptomatologie et Dépistage : L’enjeu majeur réside dans le fait que ce cancer est souvent asymptomatique à ses stades précoces. Lorsque la tumeur grossit, des troubles urinaires (besoin fréquent, difficulté à uriner, faible flux), la présence de sang dans les urines ou le sperme, et des troubles de l’érection peuvent apparaître.
- Le rôle du professionnel de santé est essentiel : Il est recommandé d’évoquer un suivi urologique dès 50 ans (ou plus tôt en cas d’antécédents familiaux), comprenant l’examen clinique (toucher rectal) et le dosage de l’antigène prostatique spécifique (PSA) par prise de sang. Le pronostic est considéré comme bon, avec un taux de survie à 5 ans estimé à 93 % si la maladie est détectée tôt.
2. Le cancer des testicules : L’affaire des hommes jeunes
Moins fréquent que le cancer de la prostate, le cancer des testicules n’en est pas moins une priorité du Movember, car il touche une population différente et souvent moins vigilante.
- Chiffres clés : Il représente environ 1 à 2 % des cancers masculins, avec environ 2 300 nouveaux cas par an en France.
- Population concernée : C’est le cancer le plus fréquent chez l’homme jeune, touchant principalement la tranche d’âge de 15 à 35 ans.
- Symptomatologie et Prévention : Le premier signe est le plus souvent la découverte d’une masse, d’une bosse ou d’un gonflement au niveau d’un testicule, souvent indolore. Les facteurs de risque incluent la cryptorchidie (testicule non descendu dans l’enfance) et les antécédents familiaux.
- L’autopalpation : Le message clé du Movember est l’importance de l’autopalpation testiculaire régulière. Les professionnels de santé doivent éduquer les jeunes hommes à cet auto-examen, tout comme pour le cancer du sein chez la femme. Le taux de guérison est excellent (proche de 95 %) lorsque la maladie est diagnostiquée et traitée précocement.
La santé mentale masculine
Au-delà des pathologies physiques, Movember s’attaque à un fléau invisible et sous-déclaré : la crise de la santé mentale masculine et la prévention du suicide.
Les statistiques sont alarmantes. Bien que les femmes fassent plus de tentatives de suicide, les hommes sont beaucoup plus susceptibles de mourir par suicide. Chaque heure, environ 60 hommes se suicident dans le monde, un chiffre qui souligne l’urgence d’agir.
Plusieurs facteurs expliquent cette vulnérabilité :
- Les normes sociales : La pression à la masculinité, qui valorise la force, l’autonomie et le stoïcisme, peut rendre difficile l’expression des émotions, la reconnaissance des faiblesses et la demande d’aide.
- Le comportement face au soin : Les hommes ont souvent une propension à minimiser leurs symptômes psychologiques et à consulter tardivement, voire à ne pas consulter du tout.
- L’isolement social : Une attention moindre portée aux liens sociaux peut conduire à un isolement qui est un facteur de risque majeur de la détresse psychologique.
Dans ce contexte, Movember encourage activement les hommes à « parler, à s’ouvrir et à se connecter ». Les professionnels de santé, et en particulier le personnel soignant d’Euromed France, sont en première ligne pour détecter les signes de détresse (isolement, irritabilité, changements de comportement) et orienter les patients vers des ressources de soutien psychologique adaptées.
Pour symboliser cette lutte, l’organisation Movember propose également le défi « Move for Movember », invitant les participants à courir ou marcher 60 km sur le mois, en référence aux 60 hommes perdus par suicide chaque heure.
Le mot de la fin
Le Movember nous rappelle, avec une touche d’humour et de légèreté, la gravité des enjeux derrière la santé masculine. Ce n’est pas uniquement le combat des hommes, mais une responsabilité collective qui incombe à la société, et en premier lieu au secteur de la santé.
En s’engageant aux côtés du mouvement, en arborant la moustache, en courant le « Move » ou simplement en initiant une conversation, les professionnels de santé, et l’équipe d’Euromed France, confirment leur rôle de pionniers dans la promotion d’une approche proactive de la santé.
Ensemble, changeons le visage de la santé masculine pour que les hommes vivent plus heureux, en meilleure santé et plus longtemps.


